

















































Bonne vie à Deux
Haïti pour le meilleur et pour le pire
accompagné d'un texte de Kettly Mars
Dix ans après le séisme qui a frappé Haïti, comment les cérémonies de mariage racontent-elles l’état du pays ? Un désir de futur, de théâtre et de joie qui n’a jamais cessé d’animer ce peuple.
Je suis photographe de mariage. La plupart du temps en Suisse, là où je suis née. Quand je me suis installée en 2015 en Haïti, j’ai naturellement été attirée par ce que je connais le mieux: l’anxiété mêlée d’euphorie qui est le prélude universel aux voeux d’amour éternel.
Je suis allée dans les villes et les campagnes, j’ai pris des bateaux, des motos, des camionnettes et des ânes à travers 7 des 10 départements du pays, dans quelque 60 cérémonies. Je me suis invitée dans des mariages paysans, dans les palais meringués des beaux quartiers de Port-au-Prince, parmi les torchis des bidonvilles mais aussi dans ces salles louées où ce qui reste en Haïti de classe moyenne croit encore en un avenir possible.
Plus de dix ans après le tremblement de terre qui a ravagé le 12 janvier 2010 le pays entier, je me suis rendue compte à quel point le mariage offrait une vitrine exceptionnelle sur les traditions, l’américanisation d’une île, sur les fossés sociaux, les résistances quotidiennes.
Quand deux êtres choisissent de s’unir dans un pays que presque tout le monde considère comme une annexe de l’enfer, alors forcément cela interroge. Ce que je sais d’Haïti, je ne l’ai pas appris dans les débordements politiques ou les centres de traitement du choléra mais dans ces espaces magiques, de spectacle et de symboles, où des êtres choisissent de se dire oui. Pour le pire. Pour le meilleur.
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A good life together
Haiti for better or worse
10 years after the terrible earthquake that devastated Haiti, how are wedding ceremonies telling the state of the country? A desire for a better future, for theater and happiness, never ceased to move those souls.
Most of the time I am a wedding photographer in Switzerland, my home country. When I moved to Haiti, five years ago, I was naturally drawn to what I know best: this mix of anxiety and euphoria which is a universal prelude to the eternal vows of love.
I have been in several cities and in the countryside. I have travelled by all means: boat, motorbike, truck and even donkey. I invited myself to all kinds of weddings. Weddings in rural areas, sugar-coated palaces in the nice surroundings of Port-au-Prince, amongst slums, but also throughout the weddings of what is left of the Haitian middle class, renting party halls, still believing in a bright future.
More than 10 years after the earthquake that completely destroyed the country on January 12th 2010, I realized how much a wedding is offering an extraordinary window to traditions, the americanization of the island, the extreme social divide and daily resistance.
When two human beings decide to commit for life in a country that’s considered the extension of hell, you can just sit and wonder. What I know about Haiti, I didn’t learn through political debates or in health centers curing Cholera. I learned it in magical surroundings of glitters and symbols, where two people choose to say yes. For worse. For better.
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Interviews et articles de presse sur le projet "Bonne vie à deux" et ses diverses expos:
- Le Poulpe, Radio Suisse Romande, 4 septembre 2024
- Le Temps, 5 septembre 2024 (PDF)
- Le 12h30, Télévision Suisse Romande, 13 septembre 2024
- 24 Heures, 20 septembre 2024
- La Liberté, 20 septembre 2024 (PDF)
- podcast RFI Journal d'Haïti et des Amériques...
et sur l'exposition à Visa pour l'Image:
France 3 Languedoc Roussillon...